Wasao, l’idole d’un pays

Lors de ma petite balade dans la préfecture d’Aomori la semaine dernière, je n’ai pas pu m’empêcher de constater de nombreux artefacts évoquant la présence flagrante d’un Dieu protecteur dans les parages… Un Dieu à l’apparence d’un chien bienveillant, boule de poils blanche probablement annonciatrice de bonne fortune ou d’une santé robuste?

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Hé bien non, après avoir creusé un peu intrigué par l’omniprésence de ce chien à tous les coins de rue, j’ai fini par apprendre qu’il s’agissait en fait d’une mascotte locale connue à travers tout le Japon sous le nom de « Wasao », un chien Akita surnommé « busa-kawaii » qui veut dire, en gros « moche-mignon » ou « hideusement chou », attraction touristique principale de la petite ville de pêcheur d’Ajigasawa avec sa panoplies de goodies/souvenirs dans tous les magasins de la région, ou ses apparitions dans certains festivals locaux.

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Perso en voyant les photos je l’ai trouvé totalement mignon à bouffer, mais il apparaît que pour un Akita au Japon, avoir les poils longs ne fait pas partie des critères de beauté attendus. Et comme avec sa grosse fourrure bien fournie il ressemble plus à un lion des neiges nain qu’à un top-model canin je suppose que la dénomination « moche » vient de là.

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Pour la p’tite anecdote, l’aventure de Wasao a commencé avec l’article anodin d’un blog en 2008 qui expliquait comment, après des mois d’errances dans le village suite à un abandon pour des raisons inconnues, nourri par les pêcheurs locaux quand il ne pouvait plus faire les poubelles, il avait fini par être recueilli par la propriétaire d’un petit ika-grill (échoppe de vente de seiches et calmars grillés) qui après plusieurs semaines à apprivoiser ce chien devenue associable avait fini par créer un lien fort, de celui qui émeut aux larmes les plus sensibles d’entre-nous dont j’en fait évidemment fièrement partie. Notamment le passage de sa vie où lorsque Setsuko, sa maîtresse, a dû être hospitalisée pour des problèmes pulmonaires, Wasao vit sa légendaire fourrure disparaître pour lui donner l’apparence d’un animal malade en phase terminale terrassé par la séparation. Les photos de cet article vous l’expliqueront mieux que moi.

En tout cas l’article initial est devenu viral et a propulsé Wasao sous le feu des projecteurs, à tel point qu’après moults émissions télé et autres séances photos en tout genre, il a fini par voir son histoire adaptée au cinéma en 2011 même si d’après les retours le film ne fatiguerais pas trop le cerveau. Pour les motivés, le trailer youtube ici.
D’ailleurs à l’occasion de la sortie du film il a été désigné ambassadeur à l’UNESCO. C’est beau hein?
De toute façon un simple « Wasao » sur Google vous permettra d’en savoir plus ou de consulter la centaine de milliard de photos disponibles sur le net.

Et le plus beau, chers lecteurs, c’est que je me suis rendu POUR VOUS dans le village en question afin de rencontrer cette célébrité.
Hé ouais, j’suis comme ça moi.

Mais avant de poursuivre, je voudrai ajouter que depuis 2008 de l’eau a coulé sous les ponts: alors qu’à la sortie du film les visiteurs se pressaient au rythme de 2000 par jour dans la boutique de Setsuko, aujourd’hui la pression est plutôt retombée et le village est redevenu bien plus tranquille… Lors de ma visite il n’y avait pas un touriste à l’horizon même si la neige abondante y était probablement pour quelque chose. Par contre, d’une petite touffe de poils fougueuse et pleine de vigueur Wasao s’est transformé en chien mûr blasé de 7 ans et son entourage, rompu à l’art de la gestion de son attraction principale, ressemble au premier abord plus à une équipe de management de musée qu’à une petite bande de mamies vendeuses de poisson: à peine arrivé devant la boutique « allez-y par ici pour la photo, vous pouvez vous approcher mais ne le touchez pas hein, voilà cheeeeeeeeese, c’est bon vous pouvez entrer dans le magasin pour acheter des trucs, merci A+ »

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En tout cas, voici deux photos de mon passage prises à la va-vite parcequejesuistimide.
Peut-être n’avait-il pas sorti son smoking pour l’occasion mais vous noterez qu’à part son côté mignon, il ressemble à un chien tout ce qu’il y a de plus normal qui prend sa pause dans le camion pourri du magasin et se met à aboyer au passage des voitures sur la route, voitures qui semblent l’avoir plus intéressé que ma présence puisque le seul moyen de capter son attention a été de lui proposer un bout de poisson à bouffer.
Raclure.
Il aurait au moins pu grogner en me voyant…

En arrière plan de la seconde photo vous pourrez voir Setsuko la proprio dans sa boutique qui est aujourd’hui plutôt malade (elle tire son ballon d’oxygène derrière elle) mais malgré tout vraiment accueillante et ouverte.

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Mais après être entré dans le magasin, le fait d’être un gaijin qui mâchouille quelques mots de japonais m’a permis d’attirer de manière plus évidente l’attention des trois vendeuses visiblement peu habituées à la visite de non-Japonais, ce qui m’a permis de tenter d’établir la communication, apercevant même un air ravi quand je leur ai annoncé que j’étais un petit-frenchy-moi-Madame (l’élégance, le raffinement à la française, moi quoi), et me suis ensuite vu proposer tout un tas de petit bouts de seiches cuisinées de manières différentes en me racontant des anecdotes auxquelles je ne comprenais rien mais qui réchauffaient malgré tout l’atmosphère.

Avant de repartir et après avoir acheté deux ou trois petits souvenirs non culinaires, j’ai même eu droit à un coup de téléphone de leur part à l’un des Taxi du village pour qu’il me raccompagne à la gare, non sans m’avoir félicité pour mon usage du japonais à coup de « Nihongo umai » (Ton japonais est « délicieux »). Je le précise car, tout excès d’auto-satisfaction évidente mis à part, une bande de petites femmes adorables et souriantes qui t’orbitent avec des yeux amoureux en te faisant plein de compliments, ça laisse toujours un souvenir impérissable. Attendez, en France personne ne m’a jamais dragué comme ça hein !

Mais pour être tout à fait honnête, en creusant un peu je me suis rendu compte que j’avais jugé un peu vite le côté touristique de la chose pour réaliser que j’étais juste tombé sur une petite femme et un chien absolument normaux, qui se sont retrouvés célèbres pour des raisons qu’eux-même ignorent probablement et qui ont tenté de gérer la popularité de Wasao avec les moyens du bord.
Au final à l’écriture de ces lignes, me reste un sentiment d’authenticité auquel je ne m’attendais pas vraiment.

Pour faire court : c’était bien cool tout ça.

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