Lorsque l’on voyage au Japon et que l’on souhaite découvrir une activité traditionnelle, le bain thermal ou onsen est probablement l’une des première chose à laquelle il faut penser, surtout si l’on cherche à se plonger dans l’intimité des japonais. Enfin, façon de parler.
Le onsen (qui signifie « source chaude ») désigne une source thermale d’origine généralement volcanique, laquelle alimente un bain où l’on peut se plonger pour se relaxer tout en profitant des vertus curatrices d’une eau chaude (typiquement entre 40°C et 45°C) à forte teneur en minéraux.
Si le onsen est traditionnellement caractérisé par un bassin d’extérieur (le plus recherché, de toute façon), l’endroit bénéficie généralement d’installations dédiées au bain; comme des douches, des vestiaires, un sauna et d’autres bassins d’intérieurs de différentes tailles et utilités (super froid pour le choc thermique, avec des galets au fond pour masser les pieds, etc).
Le plus souvent les sources thermales sont exploitées par des hôtels ou des ryokan (auberge de type traditionnel, article en cours de rédaction) qui mettent l’accent sur la relaxation du client en offrant toute une panoplie de services : spa, chaises massantes, dîners locaux raffinés, boissons relaxantes, etc., mais on peut également trouver des bains publics municipaux (les sento), des bains privatifs ou encore des onsen naturels voire carrément sauvages et perdus dans une forêt de montagne.
D’un point de vue personnel, je considère qu’une nuit dans un ryokan isolé et le plus loin possible des touristes qui propose notamment un bain d’extérieur représente la meilleure expérience que l’on puisse réaliser lorsque l’on souhaite passer un week end bichonnage du corps et de l’esprit.
Se plonger dans un bain devant être réalisé entièrement nu pour des raisons d’hygiène (le port du maillot de bain est formellement et explicitement interdit dans la plupart des établissements), les bains sont le plus souvent séparés entre femmes et hommes, la mixité n’étant plus de mise depuis la fin du 19ème siècle même si certains coins reculés de campagne la pratiquent toujours. D’ailleurs, certains affirment que ça permettrait de pratiquer la « communion de la nudité » afin « d’apprendre à mieux se connaitre » (source wikipédia), mais en vrai de nos jours les japonais sont devenus tout aussi pudiques que nous, et dans ce cas les femmes s’enveloppent généralement dans une grande serviette avant de plonger dans l’eau tandis que les hommes cacheront un truc qu’on évite de montrer en public d’habitude à l’aide d’une petite serviette à main utilisée pour le lavage.

Le vestiaire où on laisse ses affaires avant de pénétrer l’antre de la vapeur (baie vitrée au fond). Des petits coffres derrière moi pour les objets de valeur.
Pouvoir profiter d’un onsen implique, comme bien souvent au Japon, le suivi d’un protocole strict :
Une fois que l’on s’est complètement déshabillé -bijoux compris- dans le vestiaire prévu à cet effet, on se rend dans la salle des bains avec pour unique possession la petite serviette-mouillable de bain qu’on nous a fourni à l’entrée qui devra servir au lavage obligatoire avant de rentrer dans un bassin.
Pour cela, il suffit d’aller poser les fesses sur un petit tabouret entouré de l’équipement classique à savoir pomme de douche, miroir (oui, un miroir, pour pouvoir admirer son corps emmitouflé dans du savon), gel douche, shampoing et une petite bassine.
Pour un débutant il suffit de jeter un petit coup d’œil discret aux autres personnes posées à côté de soi pour s’apercevoir qu’elles se frottent le corps de manière maniaco-obsessionnelle avec la fameuse serviette de lavage: Il est fortement recommandé de les imiter, le fait de rentrer sale ou avec un peu de savon mal rincé sous les bras étant très mal vu dans un onsen. De toute façon, les regards inquisiteurs réguliers auxquels on est soumis rappellent qu’on déconne pas avec les règles du bain, pas de soucis de ce côté là.
Une fois luisant de propreté il est enfin possible d’aller se plonger, serviette de lavage sur le rebord ou sur la tête mais surtout pas immergée, dans le bain bien souvent déjà occupé par d’autres personnes.
Et s’il semble que cela soit plus détendu et bon-enfant chez les femmes, du côté homme pas la peine de tenter un sourire amical ou un petit signe de tête pour dire coucou: Le bain c’est du sérieux, aussi ignorer tous les autres êtres vivants dans le coin est-il de mise même si le malaise généré par la nudité, quand on n’y est pas habitué hein, suffira de toute façon à dissuader toute tentative de croiser le moindre regard.
En parlant de regard, notez que les tatouages sont interdits dans les onsen puisque ceux-ci symbolisent généralement l’affiliation de son porteur à la mafia japonaise (les yakuza) qui a pour particularité de pratiquer le tatouage sur une grande partie du corps.
Et même si on peut se douter qu’en 2014, un japonais normalement constitué n’associera probablement pas un gaijin à ce genre d’activité locale, c’est la règle du « même régime pour tous » qui prévaut. Avec un petit tatouage caché sous un pansement ça devrait pouvoir passer en demandant la permission à l’accueil mais pour un bras de biker recouvert de têtes de mort, il ne faudra pas espérer quelconque traitement de faveur.
Mise à jour : y paraîtrait d’après des témoins que ça ne soit pas/plus aussi strict que ça. N’ayant pas de tatouages moi-même, je ne serai pas en mesure de le confirmer ou l’infirmer mais autant le dire ici.

Un bain d’intérieur. Celui-ci possède un « parcours rocheux » composé de galets dans le fond du bassin, sur lequel on doit marcher pour se relaxer les pieds.
Enfin, quand vient l’heure de la sortie du bain c’est retour direct au vestiaire pour se refaire une beauté puisqu’il est conseillé de ne pas se rincer après être sorti du bassin si l’on veut profiter des effets bénéfiques de l’eau du bain. Attention au moment de se relever : l’eau chaude ayant la particularité de provoquer un effet de vasodilatation, le fait de se relever trop vite amènera immanquablement la sensation de vertige. Testé et désapprouvé, c’est du genre plutôt désagréable.
Pour le bonus et si c’est disponible, un petite passage de 10 ou 15 minutes sur chaise massante devrait pouvoir conclure en beauté la séance de relaxation.
Pour être honnête, et même si j’ai dû consentir à un temps d’adaptation d’abord avec les règles d’utilisations strictes stressantes, ensuite avec les milliards de regards en coins qui en ajoutant un soupçon de paranoïa s’étalent du « est-ce qu’ils ont vraiment un plus gros sexe que nous? » au « mais qu’est ce qu’il vient polluer nos bains lui? », je dois admettre qu’avec le temps j’ai fini par réellement apprécier mes passages dans les onsen, au point de même ressentir un certain manque lorsque les températures trop chaudes ou trop froides s’y prêtent. Je commence en tout cas à me considérer comme un « habitué-léger », et c’est probablement l’activité typiquement japonaise que je me suis le plus approprié à ce jour.
De plus et pour conclure, je souhaite insister sur l’aspect culturel d’une activité pratiquée depuis des siècles par les Japonais : le onsen et tout ce qui s’y rapporte fait partie intégrante de la société au Japon, surtout parce qu’il est associé à l’un des moyens de partager un moment intime et relaxant en famille, en couple, entre amis ou même parfois, entre collègues, et de fait, on pourrait presque le considérer comme un élément central d’une culture typiquement japonaise quand celle-ci tente de renforcer les liens entre les individus, au même titre que les nomikai (le pot entre collègues après la journée de travail, mais j’y reviendrai). Par conséquent je dirais que lorsqu’on s’intéresse de près au Japon, profiter d’un onsen devient primordial pour réaliser une expérience réellement nippone et « authentique », même s’il est vrai que de nos jours la plupart des établissements connus s’apparentent plus à des usines à gaz qu’à des petits coins de paradis perdus dans la montagne.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : le charme opérera quoiqu’il arrive et les effets sur le corps et la tête seront bien réels.
Au passage, j’ai pu réaliser quelques séquences vidéos à l’arrache bien qu’exceptionnelles puisque amener un appareil photo dans un lieux où tout le monde se balade à poil sans se faire dégager à coups de pied, c’est forcément un exploit.
Yop. Pour les onsen je ne sais pas, mais pour la plus part des ryokan que j’ai pu faire les tatouages ne sont pas interdit.
Mais cela dis les ryokan ont peut etre plus la vocation d’acceuillir des gaijin.
Non non, les ryokan n’ont jamais interdit, à ma connaissance, le port des tatouages puisque t’es pas censé te balader à poils dans les couloirs 😀
Oui mais t’est tout autant a poil dans le vestiaire, la salle de douche et le bain. En tout cas c’etait comme ca a Takayama, Kanasawa, nagoya, hiroshima et sapporo.
A moins qu’en plus dans un onsen tu te balade a poil entre ta chambre et l’acceuil ! Lol la je saurai pas.
Mmmmh, c’est absolument pas impossible : il est vrai qu’à part un papy balance dans un coin du sauna, je vois pas trop comment tu pourrais te faire choper, y’a moyen que ça passe quand même au final.
Par contre les deux derniers onsen que j’ai fait, c’était explicite et visible du coup, bon…
Cela dit à cause de toi j’ai quand même rajouté une petite note dans l’article !
Moi on m’a plus dit que la mixité et l’interdiction des tatouages sont arrivées avec les GI après la guerre, beaucoup de problèmes de viols dans les bains.
Comme tous les GIs sont tatoués…ça a été un bon moyen de les sortir ..de toutes façons les yakuzas ont leurs propres bains avec leurs propres filles 😀
Pour les tatouages ça dépend des endroits, à tokyo sur odaiba par exemple c’est interdit, à Hakone également , du côté de kyoto c’est plus coulant.
Pour les petits tatouages çà passe, ou parfois ils proposent de mettre de la gaze et un collant si c’est sur le biceps ou la nuque.
Tous à poil !!!!!
ah il manque aussi la note sur la petite vieille qui vient passer le balai dans la salle des hommes et te regarde d’un air lubrique !
Mais c’est exactement ça! Et le pire c’est qu’elles reviennent plusieurs fois les p’tites mamies 😀
Merci pour la précision des tatouages !
De mon côté j’avais lu que la mixité avait été peu à peu abandonné à l’ère Meiji pour accueillir les occidentaux indignés dans le cadre de la « modernisation » du pays, mais qu’effectivement ça avait été complètement arrêté avec la présence des soldats américains après la seconde guerre mondiale.
J’avoue ne pas avoir fait tellement de recherche sur le sujet, je verrai ça quand ma crise de flemme sera terminée.
Bon, et alors avec l’anaconda que tu trimballes dans ton slibard, tu as fait t’évanouir combien de personnes ? (on met de coté mémé, yakuza et GI).
Les secouristes sont entrés à poil eux aussi ?
Je l’avais pas vue celle là
Je serais bien curieux de connaitre tes sources. Petit coquin.